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Perturbateurs endocriniens : mêmes de faibles doses menacent la santé de nos enfants

Quand on peut prévenir c'est faiblesse d'attendre. - Jean de Rotrou

La question des effets de type « perturbateurs endocriniens » des substances chimiques est également un défi majeur dans l’évaluation de risques liés à l’alimentation. - Anses

Bonjour à tousPerturbateurs endocriniens santé enfants

Produites par le système endocrinien, les hormones régulent de nombreuses fonctions corporelles chez les enfants : la croissance, le comportement, la future fertilité, le sommeil, etc. Certains polluants, dont la forme est proche de celle de certaines hormones, peuvent perturber l’action du système endocrinien. On parle de « perturbateurs endocriniens ».

Ces polluants sont un sujet d’étude pour de nombreux chercheurs. Les résultats obtenus suggèrent que [1] :

  • même à faibles doses, des expositions sont associées à des effets sanitaires significatifs ;
  • les effets observés à faibles doses peuvent disparaître à de plus fortes doses. Ce phénomène peut donner une illusion de sécurité, si ces composés ne sont pas testés à des doses suffisamment faibles.

 

En plus de mettre à disposition des articles scientifiques, le site Internet de la revue Environment Health Perspectives [2] propose des interviews de chercheurs. Dans ce cadre, Laura Vandenberg a été interviewée en 2012 [1]. Laura Vandenberg est chercheuse à l’Université du Massachussetts. L’interview portait sur une revue de littérature scientifique dont elle est coauteur, publiée en 2012 dans la revue Endocrine Reviews [3], traitant des effets à faibles doses des perturbateurs endocriniens.

 

Eléments clés de l’interview, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus de l’interview, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • Dans leur vie de tous les jours, les enfants sont régulièrement en contact avec des perturbateurs endocriniens. Ces composés sont présents dans des produits de soin, dans la nourriture contenue dans certains emballages, dans les tissus de certains sièges de voitures, dans les pesticides domestiques utilisés contre les mauvaises herbes ou les insectes, dans des produits nettoyants, etc.
  • D’après la revue de littérature réalisée, pour une trentaine de substances chimiques, des effets ont été observés à des doses inférieures aux plus faibles doses testées dans les études toxicologiques classiques.
  • Les hormones agissent sur le corps à de très faibles concentrations : « on parle d’une cuillère à café dans une piscine Olympique […] Donc en recherchant des substances chimiques qui miment l’action des hormones, je n’ai pas été surprise de trouver des effets à faibles doses.»
  • Quand les bénéfices et les risques d’un médicament sont évalués, on compare un groupe d’individus ayant pris le médicament à un groupe n’ayant pas pris le médicament. Ce dernier groupe est appelé « groupe contrôle ». « Une des difficultés avec l’étude des effets [des perturbateurs endocriniens] sur la population générale, c’est qu’il n’y a pas de groupe contrôle [..] Nous y sommes tous exposés, tout le temps. Dans ce cas, pour un produit chimique particulier, les épidémiologistes […] comparent des personnes très exposées à des personnes moins exposés. Et certaines de ces études suggèrent fortement que les perturbateurs endocriniens sont liés à des effets sanitaires comme le diabète, l’obésité, l’autisme, le Trouble du Déficit de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH), etc. le type de maladies dont la prévalence est en train d’augmenter dans la population générale ».
  • La très grande majorité des études faites sur animaux suggère que l’exposition au bisphénol A [BPA], une des substances les plus connues pour son action de perturbateur endocrinien [4], est liée à des troubles de développement des glandes mammaires. « Mais comment étudier ça chez les êtres humains ? Il faudrait trouver des jeunes enfants dont l’exposition in utero pourrait être estimée, puis les suivre pendant des décennies. Certains chercheurs essayent de faire ce genre d’expériences, mais nous parlons de résultats qui ne seront pas disponibles avant 50 ans ».
  • « La vraie question pour moi est, en tant que scientifique, y-a-t-il suffisamment de résultats qui suggèrent que le BPA ne devrait pas être mis en contact avec des aliments. La réponse est oui, et c’est une opinion scientifique [sic] qui est basée sur la revue de centaines d’études sur animaux, pas une réaction viscérale ».
  • La plupart des travaux recensés porte sur une substance prise individuellement. Les effets d’une exposition à un mélange de substances, ce que l’on appelle un « cocktail de substances », sont encore très peu compris.

Perturbateurs endocriniens sante enfants

 

Comment protéger les enfants de ces pollutions environnementales

Une potentielle perturbation endocrinienne pouvant être causée par de nombreux types de polluants, il est difficile de conclure avec quelques bonnes pratiques ciblées sur certaines substances, comme je le fais d’habitude. En fait, réduire l’exposition générale des enfants est l’objet d’une grande partie de ce blog.

Néanmoins, deux familles deux polluants sont régulièrement désignées comme préoccupantes, au regard de leur potentielle action de perturbateurs endocriniens : les retardateurs de flamme bromés (RFB) et les phtalates.

 

Les bonnes pratiques suivantes permettent de diminuer l’exposition des enfants aux RFB [5, 6, 7] :

  • éviter les poissons se situant en haut de la chaîne alimentaire aquatique, car les RFB sont bioaccumulables. Par exemple : anguille, barbeau, brème, carpe, silure, lotte (baudroie), loup (bar), bonite, anguille, empereur, grenadier, flétan, brochet, dorade, raie, sabre, thon, Espadon, marlin, siki, requin, lamproie etc.
  • privilégier les poissons sauvages, pêchés loin de zones densément peuplées: Alaska, Islande, etc.
  • privilégier les produits rembourrés avec des matières naturelles : laine (qui présente une bonne résistance au feu), coton, latex, fibres de coco, etc. C‘est par exemple possible pour les matelas ;
  • éviter que les enfants passent du temps à proximité d’installations gérant des déchets dangereux : stockage, incinération, etc.
  • si vous travaillez au contact de RFB (ex : fabrication ou recyclage de produits contenant des RFB), changez de vêtements et prenez une douche avant de rentrer chez vous.

 

Les bonnes pratiques suivantes permettent de diminuer l’exposition des enfants aux phtalates [8, 9, 10] :

  • Faites régulièrement la poussière chez vous, en utilisant un linge humide et/ou un aspirateur équipé d’un filtre HEPA.
  • Eviter de parfumer les enfants ;
  • Privilégier les jouets en bois (massif) et en tissu aux jouets en plastique ;
  • Privilégier les aliments frais ou surgelés aux aliments en conserve ;
  • Pour le four à micro-ondes, privilégier les récipients en verre ou en céramique aux récipients en plastiques ;
  • Privilégier les produits cosmétiques et les médicaments ne contenant pas de phtalates. Les noms de ces composés comprennent généralement le mot « phtalate », ce qui permet de les identifier dans la composition d’un produit.

 

Connaissiez ces recommandations ? Si oui, rencontrez-vous des difficultés à les mettre en œuvre ? Peut-être avez-vous d’autres conseils à appliquer en complément. Dites-le moi dans les commentaires !

 

Photo par Pioneer Library System et Jen Leonard

Références :

  1. Ahearn A. Low-dose effects of endocrine disruptors. Environ Health Perspect 2012 ; 120. http://dx.doi.org/10.1289/ehp.trp060112
  2. En français : Perspectives en Santé Environnementhttp://ehp.niehs.nih.gov/
  3. Vandenberg L et al. Hormones and endocrine-disrupting chemicals: low-dose effects and nonmonotonic dose responses. Endocrine Rev Doi : 10.1210/er.2011-1050
  4. Site Internet de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) – Perturbateurs Endocriniens – https://www.anses.fr/fr/content/perturbateurs-endocriniens-1
  5. Site Internet des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des Etats-Unis – Factsheet Polybrominated Diphenyl Ethers (PBDEs) and Polybrominated Biphenyls (PBBs) – http://www.cdc.gov/biomonitoring/PBDEs_FactSheet.html
  6. Poissons et produits de la pêche, conseils de consommation. ANSES – https://www.anses.fr/fr/system/files/ANSES-Ft-RecosPoissons.pdf
  7. Agence américaine des substances toxiques et du registre des maladies (Agency for Toxic Substances and Disease Registry, ATSDR) – Polybrominated Biphenyls (PBBs) : http://www.atsdr.cdc.gov/toxfaqs/tfacts68.pdf – Polybrominated Diphenyl Ethers (PBDEs) : http://www.atsdr.cdc.gov/toxfaqs/TF.asp?id=900&tid=183
  8. Servan-Schreiber D. Anticancer : Les gestes quotidiens pour la santé du corps et de l’esprit. Versilio
  9. Site Internet de l’Agence Américaine des Substances Toxiques et du Registre des Maladies – ATSDR : Di(2-ethylhexyl)phthalate (DEHP). ToxFAQsDi-n-butyl Phthalate. ToxFAQs
    Di-n-octylphthalate (DNOP). ToxFAQsDiethyl Phthalate. ToxFAQs.
  10. Site Internet de la Bibliothèque nationale de médecine des Etats-Unis – Phtalates – http://toxtown.nlm.nih.gov/text_version/chemicals.php?id=24

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8 réponses

  1. Bonjour Guillaume,
    Merci pour ton article, décidément, ça n’a pas l’air simple de se protéger des perturbateurs endocriniens ! En plus de la question de dose, comme tu me l’avais indiqué à l’occasion de ton précédent article sur le lien entre PE et malformation congénitale, la définition précise des PE et donc la liste des substances dont on doit se méfier ne semblent pas évidentes à établir…

    1. Je me retrouve bien dans ton commentaire Yum, ce n’est pas simple.
      En attendant une définition précise, qui va présenter des enjeux réglementaires et financiers très importants, à notre niveau on peut faire en sorte de se protéger de ceux qui présentent des effets sur le système endocrinien dans certaines expériences de laboratoire. Les recommandations de fin d’article sont données dans cet esprit.

  2. Je ne connaissais pas tous ces problèmes. C’est quand même affolant. Moi ça me donne envie de m’expatrier très loin de la civilisation occidentale, d’aller vivre dans la brousse africaine ou les steppes d’Asie car franchement, je suis dépitée :((
    Ca a l’air de prendre beaucoup de temps pour protéger nos enfants et changer nos habitudes.
    En tout cas merci de nous ouvrir les yeux °_° !

    1. Salut Anna !
      Je comprends bien ta réaction 🙂
      A mon sens, on peut assurer un bon niveau de protection pour nos enfants, en agissant au niveau individuel (parents, encadrant, etc.), avec des bonnes pratiques simples.
      Pour l’exposition résiduelle, les polluants qu’on ne peut pas éviter, il me semble que les capacités de détoxication d’un corps en bonne santé (détection, neutralisation, élimination) doivent pouvoir assurer un impact faible. C’est tout l’objet de ce blog, j’espère que tu y trouveras des choses utiles pour tes enfants 🙂 A bientôt !

      1. Par contre, pour avoir testé les deux, la brousse et les steppes me paraissent offrir des expériences de vie super enthousiasmantes effectivement !

  3. Des « concentrations faibles », dans l’absolu, ça ne veut pas dire grand-chose. Souvent cela veut dire inférieur aux seuils d’innocuité, qui ont généralement tendance à baisser au cours du temps (typiquement pour les métaux). Il faut se méfier de l’excès de confiance.

  4. En parallèle, la capacité à faire des détections fines est une bonne nouvelle pour la recherche, car elles permettent de hiérarchiser les expositions et de mettre en évidence des relations doses-réponses.
    Et puis pour les perturbateurs endocriniens, des effets s’observent à des doses très faibles, ce qui n’est pas étonnant puisque le système hormonal fonctionne à des concentrations extrêmement faibles, comme des taux de un pour un milliard

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