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Les bienfaits d’une balade en forêt : Shinrin-yoku (1/4) – La pratique

Tu n'es pas arrivé dans ce monde. Tu es venu de lui, comme une vague vient de l'océan. Tu n'es pas un étranger ici. - Alan Watts

L’éducation ne consiste pas simplement à passer des examens, à obtenir un diplôme et une situation, à se marier et à s’installer, mais encore à savoir comment écouter les oiseaux, comment voir le ciel, l’étonnante beauté d’un arbre, le dessin des collines, comment les sentir, comment être vraiment en contact avec toutes ces choses. - Jiddu Krishnamurti

 

Bonjour à tous
Cette série d’articles Les bienfaits d’une balade en forêt : Shinrin-yoku porte sur les bienfaits que les balades en forêt peuvent apporter à nos enfants. Ce premier article décrit comment prendre un « bain de forêt ».

Shinrin-yoku enfants - forêt humide

 

Se balader en forêt est une pratique simple, « basique », avec laquelle une bonne partie d’entre vous doit déjà être familière (heureux lecteurs !). En elle-même, elle suffit à produire des effets bénéfiques remarquables sur la santé. Certains sont, je trouve, assez surprenants.

Dans plusieurs pays, comme par exemple au Japon, en Corée, ou en Norvège, cette pratique est désignée par un mot dédié. Le plus connu est un mot japonais : « Shinrin-yoku » [森林浴], que l’on pourrait approximativement traduire par « bain de forêt », pour faire écho au fameux bain de soleil.

 

Se connecter à la nature

Dans notre culture occidentale, le thème de la connexion avec la nature peut être lié aux activités suivantes :

  • des sports : grande randonnée, trek, course d’orientation, canoë-kayak, etc.
  • un enseignement de type naturaliste : apprendre le nom des plantes et des animaux, identifier leur positionnement dans des classifications, connaitre leur place dans l’écosystème local, comprendre les relations entre les espèces, etc.
  • maîtriser des techniques d’autosuffisance : savoir faire du feu, apprendre à chasser, connaitre et savoir trouver des plantes comestibles, apprendre à se soigner avec des plantes médicinales, etc.

Ces activités sont souvent très appréciées de leurs pratiquants et, pour les moins exigeantes d’entre elles, aussi des enfants. A mon sens, elles constituent des moyens enthousiasmants de se (re)connecter avec la nature, parfois de manière très profonde. Néanmoins, un bain de forêt est quelque chose de différent.

 

Shinrin-yoku et les enfants : une autre approche

Shinrin-yoku consiste à vivre intensément l’expérience d’être en forêt. Il s’agit d’être profondément attentif à ce qui se passe en nous, et dans la nature autour de nous. Rien de plus, rien de moins.

Paradoxalement, la difficulté de la pratique réside dans sa simplicité : il n’y a rien à « faire », rien à « penser », aucun effort à produire. Il s’agit juste d’être présent à l’expérience vécue, en contact avec ce qui nous entoure.

Concrètement, les pratiquants commencent par ralentir l’activité de leur corps et de leur cerveau. Par exemple Amos Clifford, un guide forestier qui enseigne la pratique du Shirin-yoku aux Etats Unis, débute une session de la manière suivante [1].
« je commence par marcher très lentement, et je demande aux participants de ne pas me dépasser, de se caler sur mon rythme. Ainsi, bien qu’une session typique puisse durer jusqu’à trois ou quatre heures, nous ne parcourons pas plus de un mile
(N.d.A. : environ 1,6 km). Je leur donne aussi quelque chose à faire avec leur esprit : simplement prêter attention à ce qui est en mouvement dans l’environnement : les arbres et leurs feuilles, les plantes, les oiseaux, les toiles d’araignées, etc. Cela permet aux pratiquants de recalibrer leur conscience de ce qui les entoure, de la rendre plus affûtée. Et ainsi, ils peuvent s’immerger dans l’expérience d’être en forêt. »

 

Solliciter les sens pour approfondir l’expérience

Par exemple :

  • toucher le tronc d’un arbre ;
  • écouter le bruit du vent dans les feuillages ;
  • regarder les remous d’un ruisseau ;
  • sentir les odeurs de l’humus ou de différentes fleurs ;
  • goûter des plantes comestibles ;
  • ressentir les mouvements de notre corps ;
  • etc.

Le pratiquant peut également tourner son attention vers ce qu’il ressent à l’intérieur de son corps. Il observe alors ses états mentaux – par exemple : son humeur, ses pensées, son état émotionnel, etc. – et les sensations liées à ses différents organes – par exemple : les poumons se dilatant puis se rétractant, les intestins en train de digérer, etc.
La pratique consiste à ressentir sans poser de mots sur les perceptions ressenties – Par exemple « c’est frais », « c’est rugueux », « c’est beau » – sans chercher à les expliquer – Par exemple : « le vent souffle dans cette direction, c’est probablement la brise de mer de début d’après-midi » -, ce qui permet de se focaliser autant que possible sur l’expérience directe, sans l’intermédiaire des mots et de l’intellect.

 

Shinrin-yoku enfants - forêt d'automne

 

Shinrin-yoku : une méditation pour enfants ?

Prendre conscience de ses perceptions, ne pas les juger, ne pas les décrire, se contenter d’être présent à l’expérience… Cette pratique ressemble fort à la célèbre méditation de pleine conscience, appliquée à une marche en forêt. D’ailleurs, les premiers pratiquants du bouddhisme, en remontant jusqu’au Bouddha (Siddhartha Gautama) ou à la tradition Chán en Chine, pratiquaient dans la nature, entourés d’arbres.

Néanmoins, Amos Clifford ne prononce pas le mot méditation lors de sessions de Shinrin-yoku, car en tant que professeur de méditation depuis de longues années, je sais que, si je parle de « méditation », les gens vont essayer de produire un effort vers ce qu’ils pensent être la méditation. Cela nuit à la pratique [qui est avant tout basée sur] la notion d’accueil [2]. […] Mais pour un débutant, un état de pleine conscience est beaucoup plus aisé à atteindre et à maintenir lors d’une immersion en forêt, plutôt que lors d’un cours de méditation.

Une telle pratique pourrait paraître ennuyeuse à certains. Selon Amos Clifford, on n’a pas le sentiment de s’ennuyer ; au contraire, l’expérience est très intense. Plus on est immergé, plus on se sent profondément intéressé par ce que l’on est en train de vivre.

 

Shinrin-yoku : des bienfaits mesurables

Personnellement, me balader en forêt ou dans une zone arborée m’apaise. Je sens à la fois que cela me détend et que cela me redonne une certaine clarté d’esprit. J’observe aussi un apaisement chez Romi et Sayumi. J’imagine que la plupart d’entre vous ont également fait cette expérience, plus ou moins fréquemment. Intuitivement, je suis convaincu qu’une simple balade en forêt nous fait du bien, physiquement et psychiquement.

J’ai découvert il y a peu que le bain de forêt fait l’objet d’études scientifiques, en particulier au Japon, et que ses bienfaits peuvent être mesurés concrètement. Je trouve que les résultats obtenus sont vraiment intéressants, et parfois même surprenants. Nous les aborderons lors d’un prochain article: Les bienfaits d’une balade en forêt : Shinrin-yoku (2/4) – Les effets mesurés

 

Pour conclure ce premier article sur le Shinrin-yoku et les enfants, je serais intéressé par vos retours. Par exemple, passez-vous régulièrement du temps en famille dans une forêt ? Si oui, peut-être y faites-vous systématiquement des activités. Ou alors peut être y allez-vous parfois sans autre but que de passer un moment en forêt. Partagez vos expériences et vos impressions dans les commentaires !

 

Références – Shinrin-yoku et les enfants

  1. Sustainable World Radio – Interview d’Amos Clifford – 2015. Notamment : Lien
  2. Association of Nature and Forest Therapy Guides and Programs. Notamment : Lien (consulté le 06/11/2015)

 

Photos notamment par Charlotte Dupont et Valiphotos

Et aussi : Musique par Ronan Vernon

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20 réponses

  1. Merci Guillaume. Je me pose une question pratique: faut-il une vrai forêt ( rare en proximité de nos ville) ou un parc suffit-il?

    1. Je me suis posé la même question. Je vais proposer une réponse dans le dernier article de la série. Patience 😉 Je serai intéressé par ton avis et tes suggestions Fx

    1. Merci Adrien 🙂 Au plaisir de te decouvrir et d’échanger avec toi via les zones de commentaires

  2. Très intéressant!
    J’ai la chance de pouvoir assez régulièrement me balader en forêt, mais c’est vrai qu’on est souvent pris par une activité: faire du vélo, jouer avec les enfants, cueillir des champignons… ou ne serait-ce qu’essayer de retrouver son chemin (quand on a un médiocre sens de l’orientation comme moi)! La prochaine fois, j’essaierai en mode « sans rien faire ni penser », mais comme tu le dis, faire simple semble paradoxalement plus compliqué!

    1. Merci Mi-Ko
      C’est pas toujours simple de mon côté non plus, ça se fait plutôt par moments.
      Je remarque qu’avec la pratique, la durée de ces moments a tendance a augmenté.

  3. Article très intéressant! Je n’avais jamais entendu parler du shinrin-yoku . Vivant en province, pour ne pas dire en campagne, je ne m’étais jamais trop posé de questions à ce sujet, ni mesurer le privilège que nous avions. En fait, nous faisons, même l’inverse et emmenons notre fils en ville! 🙂 On vous emmènera faire un tour à la foret de Mervent, lors de votre prochaine venue!

    1. lol ! C’est effectivement un des grands atouts de vivre à la campagne, à proximité de forêts.
      Invitation bien notée !

  4. Saint Bernard de Clairvaux disait : « Crois-en mon expérience : tu trouveras quelque chose de plus au milieu des bois que dans les livres. Les arbres et les rochers t’enseigneront ce que tu ne peux apprendre d’aucun maître »

  5. héhé, de la sagesse de colibris, chanceux que nous sommes 😉 En plus avec une citation, mon format préféré avec les aphorismes, merci beaucoup !

  6. Très joli article. Je suis convaincue aussi des bienfaits de la forêt. Nous avons fait beaucoup de balades en forêt quand mes enfants étaient plus petits. Maintenant qu’ils sont ados, c’est moins systématique avec eux. Mais je sais qu’ils y reviendront et que ce qu’ils y ont vécu est ancré en eux. Ces souvenirs sont forts car comme tu le dis, ils font appel aux sens: sentir surtout, toucher des mains mais aussi sentir ses pieds s’enfoncer dans la mousse ou le sable, voir, percevoir, entendre, écouter…

  7. Merci pour ce beau retour Blandine. Mes parents m’ont un peu transmis ce que tu décris, et j’aimerais vraiment le transmettre à ma (bientôt mes) fille(s). Habitant à Paris je dois « ruser » et saisir chaque occasion de contact avec la nature, en attendant de déménager vers plus de vert à moyen terme.

  8. Il y a peu, nous avons été avec nos petits enfants dans un parc assez sauvage, comme une petite forêt , où le parcours de santé leur a permis de courir, d’escalader, de faire preuve d’adresse. …c’était du bonheur !
    les joues roses, yeux pétillants, racontant leurs exploits sur le retour …et cerise sur le gâteau, c’est en courant sous la grèle puis la neige que nous avons regagné la voiture ! Un bon moment qui nous a, à tous, fait du bien

    1. Merci pour le partage de cette tranche de vie joyeuse, Blanche 🙂
      Je suis assez fan des éléments que l’on trouve sur les parcours de santé, car ils restent (relativement) simple et donc ils ne dirigent pas les jeux : cela permet de donner facilement aux enfants et du temps de jeu libre, non-structuré, dans un environnement généralement emprunt de nature !

  9. La forêt ça je connais bien par mes vacances d’été jadis durant mon enfance et mes sorties en excursion en période scolaire que j’ai tant aimé enfin comme vous l’avez expliqué à travers le podcast.

    1. Oui je crois que les expériences de nature peuvent être particulièrement marquantes quand on est enfant, c’est mon cas aussi !

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