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Les parents doivent-ils avoir peur des nanos ? Les réponses du Pr Francelyne Marano (3/3)

Si l’espérance de vie s’accroît, c’est surtout grâce aux gains sanitaires obtenus dans les premières années de la vie. Cela ne doit pas faire illusion sur l’état de santé de l’ensemble de la population et ne préjuge pas des risques futurs. - William Dab

Les inventaires existant aujourd’hui sont très embryonnaires… De plus, ce n’est que la première année de déclaration, ça m’étonnerait que toutes les entreprises aient déclaré leur nanos… - Dominique Gombert

Chronique de « Faut-il avoir peur des nanos ? »

nanos peur Francelyne Marano

Du Pr Francelyne Marano , 120 pages, publié en 2016

 

Francelyne Marano est professeur émérite de biologie cellulaire et de toxicologie à l’université Paris-Diderot. Elle est membre du Haut Conseil de santé publique et vice-présidente de la commission spécialisée Risques liés à l’environnement.

Les nanoparticules sont des particules dont une des dimensions est de l’ordre du millionième de millimètre. Ce livre décrit la présence de nanoparticules dans les produits de consommation courante et dans l’environnement du quotidien, ainsi que les enjeux sanitaires associés.

Ce livre fait l’objet d’une chronique en trois parties. Cet article est le troisième article de la chronique. Il porte notamment sur la vulnérabilité du foetus. Le premier article de la chronique se trouve ici : Les parents doivent-ils avoir peur des nanos ? Les réponses de Francelyne Marano (1/3)

 

Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • Pour mieux comprendre les effets des nanoparticules, des expériences sur animaux sont menés en laboratoire. Les résultats de ces expériences sont contestés par les fabricants et les utilisateurs industriels de nanoparticules : ils critiquent l’extrapolation des effets observés chez un animal ou sur des cultures de cellules aux effets possibles chez l’homme. Cette critique a de quoi surprendre, puisque toute la réglementation actuelle sur les produits chimiques repose sur la pertinence de cette extrapolation.
  • Le corps humain présente des mécanismes naturels permettant de se protéger de la pénétration de particules, et notamment de nanoparticules. Ces mécanismes sont probablement issus du processus de sélection naturelle : depuis des millions d’années, l’homme est exposé à des nanoparticules produites par des phénomènes naturels : cendres volcaniques, vents de sable, fumées des incendies de forêt…
  • Par exemple, concernant l’exposition par inhalation, les voies aériennes sont couvertes d’une couche de mucus sur laquelle les particules se déposent. À l’image d’un tapis roulant, cette couche visqueuse transporte progressivement les particules vers la gorge, afin qu’elles puissent être crachées ou avalées.
  • Ce mécanisme de protection est très efficace chez les personnes en bonne santé, dans un environnement dont la dégradation n’est pas excessive. Néanmoins, si l’atmosphère est très polluée, ou si une personne est fragilisée (asthme, bronchite chronique…), l’élimination sera moins performante. Des particules peuvent alors s’accumuler dans les poumons. Les plus sensibles sont les bébés et les jeunes enfants, dont les poumons sont encore très fragiles.
  • Dans le cadre d’expériences de laboratoire, lorsque des nanoparticules sont introduites dans les aliments de rongeurs, une fraction est retrouvée dans différents organes internes. Ce résultat suggère que les nanoparticules pourraient passer la barrière intestinale, puis être transportées dans de multiples parties de l’organisme.
  • La question du franchissement de la barrière placentaire et de l’exposition du fœtus est primordiale : les femmes enceintes sont exposées à de nombreux produits contenant des nanoparticules et les mécanismes de protection du fœtus sont encore immatures.
  • Concernant les expositions à des nanoparticules inhalées ou avalées, des études expérimentales réalisées sur des rates gestantes montrent que ce passage est possible. De plus, pour le nanoargent et le nanotitane, un nombre croissant de publications indique des effets sur le fœtus.
  • Au-delà des stricts enjeux sanitaires, la gestion des nanoparticules requiert des règles éthiques d’un nouvelle nature, en lien avec d’autres domaines en pleine expansion : les biotechnologies, les technologies de l’information, les sciences cognitives, ce que les Américains appellent la « convergence NBIC ».
  • Dans le cadre du mouvement transhumaniste, ces technologies prétendent prendre le relais de la nature, pour que l’homme devienne le propre ingénieur de son évolution.

 

nanos peur Francelyne Marano 4

 

Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

[Après avoir pénétré dans les poumons], les nanos vont-elles interférer avec ce processus fondamental de la respiration ? Vraisemblablement pas. En revanche, leur très petite taille leur permet de franchir cette barrière biologique. Elles avancent masquées. Avant de pénétrer dans l’alvéole, elles s’enveloppent d’un manteau biologique, constitué de protéines et de lipides qu’elles ont captés sur leur passage. Elles s’infiltrent ainsi plus facilement dans l’organisme et peuvent se retrouver dans le sang. Elles doivent alors suivre passivement la circulation sanguine. Pourquoi s’accumulent-elles ensuite préférentiellement dans certains organes, tels le foie, le cœur, la rate ? La question reste en suspens.

Au niveau [des alvéoles pulmonaires], la distance entre l’air et le sang est très réduite (environ 1 micromètre, c’est-à-dire dix fois la taille d’une nanoparticule si celle-ci fait 100 nm), ce qui favorise l’entrée des nanoparticules dans la circulation sanguine générale. Une fraction estimée à 10-20 % des particules insolubles n’est jamais éliminée du poumon humain.

Que deviennent les nanos quand nous les avalons ? Les nanoparticules contenues dans les aliments suivent le parcours complexe de la digestion. Comme eux, elles sont en contact avec les enzymes salivaires, subissent l’acidité de l’estomac et les attaques des enzymes de la digestion dans l’intestin grêle. Certaines se dissolvent dans les fluides biologiques et leurs constituants peuvent être toxiques : c’est le cas du nano-argent qui libère progressivement des ions argent, très efficaces contre les bactéries, notamment celles qui se trouvent dans l’intestin et qui jouent un rôle fondamental dans la digestion et dans notre équilibre général.

Cette question des nanoparticules dans l’alimentation est sans doute la plus préoccupante et la moins bien étudiée actuellement.

Les nanoparticules peuvent-elles arriver jusqu’au cerveau ? Le cerveau humain est très bien protégé. Une barrière très efficace, la barrière hémato-encéphalique, ne laisse entrer dans le cerveau que les aliments dont il a besoin, en particulier du sucre, et empêche normalement tout autre passage. Cependant, il semblerait que dans des zones très polluées, comme dans la ville de Mexico, des particules atmosphériques puissent franchir cette barrière. Les particules atmosphériques ultrafines seraient alors capables d’induire la formation de radicaux libres et de conduire à un stress oxydant dont on sait qu’il est à l’origine de maladies cérébrales dégénératives, comme les maladies de Parkinson et d’Alzheimer. Ceci n’est actuellement qu’une hypothèse, mais elle doit être évaluée comme les autres risques associés à ces nanoparticules.

Les recherches se sont énormément développées ces dix dernières années et posent beaucoup de questions sur les risques sanitaires des nanoparticules. Il reste encore beaucoup à faire pour bien comprendre leurs effets biologiques et évaluer les risques pour la santé.

La prudence est nécessaire quand il s’agit d’introduire dans la société de nouvelles technologies dont on ne connaît pas les risques potentiels. L’analyse bénéfices-risques doit s’imposer.

L’exemple des nanosciences et des nanotechnologies montre bien la nécessité de trouver des formes de gouvernance capables d’encadrer, voire d’interdire, certaines pratiques. Une possibilité serait de créer une instance de concertation qui pourrait être un « Haut Conseil des nanotechnologies ». Un comité dans lequel les différents acteurs du domaine peuvent discuter a été mis en place à l’Anses et il est certain qu’une telle structure joue un rôle important.

Le consommateur est donc toujours incapable de savoir si le produit qu’il achète contient ou non des nanos. De toute façon, sans connaissance, même superficielle, du domaine, serait-il en mesure de choisir ? L’étiquetage ne sert à rien s’il n’est pas accompagné d’une information claire : il serait sans doute utile de réfléchir à un label ou à un équivalent afin de différencier les produits qui possèdent ou non des nanos. Quand leur ajout ne correspond pas à un besoin précis autre que l’amélioration de l’attractivité du produit, par exemple dans les bonbons ou les chewing-gums ainsi que dans tout objet et jouet à destination des enfants, elles devraient être interdites car elles n’apportent aucun avantage.

La convergence NBIC veut inventer l’homme de demain dans des entreprises mondialisées dont on peut se demander si leurs intérêts sont purement altruistes et consistent à soigner l’humanité souffrante.

Mon avis

Les « + » :

  • Un bon panorama des connaissances actuelles sur les utilisations de nanoparticules, ainsi que sur les enjeux sanitaires associés, par une personnalité connue du domaine de la santé environnementale.
  • La description de mécanismes de protection naturelle, faisant partie du fonctionnement normal du corps humain.

Les « – » :

  • J’aurais aimé que l’auteur développe des recommandations pratiques pour diminuer les expositions au quotidien.

Photo par Jef Safi

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2 réponses

  1. Donc en résumé, on a un professeur de toxicologie, spécialisée en santé environnementale et membre du haut conseil de santé publique, qui nous dit que les nanoparticules sont si petites qu’elles traversent les barrières de protection naturelle, qu’elles peuvent être transportées partout dans le corps, qu’elles sont très réactives chimiquement et que leur toxicité n’a pas été évaluée avant mise sur le marché : mais que faut-il de plus pour mettre en oeuvre le principe de précaution ???

    1. Moins d’enjeux industriels probablement 😉
      A mon sens, mieux vaut faire le deuil de cette question et se concentrer sur les actions à mettre en oeuvre au niveau individuel

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