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Comment se protéger des nanoparticules toxiques présentes dans notre environnement (4/4)

Seulement 5 % du budget de la santé en France est consacré à la prévention. - Jean-Claude Ameisen

Mais alors, quand agir ? À quel moment doit-on décider que les arguments, même incomplets, sont suffisants ? Une partie de la réponse peut venir de la recherche scientifique, qui devrait être en mesure , si elle dispose de suffisamment de moyens, de fournir des critères objectifs. L’autre partie relève du type de société dans laquelle nous voudrions vivre. - Pr. Robert Barouki

Chronique du livre « Nanotoxiques : une enquête »

nano, nanoparticules, nanotechnologies, toxique

de Roger Lenglet, 256 pages, publié en 2014

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Roger Lenglet est philosophe et journaliste d’investigation. Il est notamment membre de la Société française d’histoire de la médecine. La santé publique fait partie de ses sujets d’étude.

Ce livre porte sur le développement des nanotechnologies, au cours des dernières décennies, et sur la gestion (insuffisante) des risques sanitaires associés. L’auteur présente les dysfonctionnements qu’il a identifiés. Puis il propose des recommandations concrètes, pour corriger la situation et pour que chacun puisse diminuer son exposition.

Ce livre fait l’objet d’une chronique en quatre parties ; cet article est le quatrième article de la chronique. Il porte notamment sur les mises en garde des assureurs et sur les bonnes pratiques pour diminuer son exposition. Le premier article de la série se trouve ici : Comment se protéger des nanoparticules toxiques présentes dans notre environnement (1/4)

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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • De grandes sociétés d’assurance et de réassurance (Axa, Zurich, Lloyd’s…) se méfient des risques associés aux nanotechnologies. Elles souhaiteraient que les États investissent leurs propres fonds dans la couverture de ces risques.
  • Un rapport du Lloyd’s, un des grands groupes mondiaux de réassurance (assureurs des assurances), place les risques liés aux nanotechnologies parmi les risques émergents les plus élevés, au même rang que les catastrophes naturelles que pourraient causer le changement climatique. Cette évaluation est de nature à inquiéter pour les assurances. Certaines pourraient estimer que les risques liés aux nanotechnologies sont incalculables… et donc inassurables.
  • Pour pouvoir réduire son exposition aux nanoparticules, les recommandations présentées dans ce livre comprennent les bonnes pratiques suivantes :
    • éviter d’utiliser les produits dont la liste des ingrédients comprend la mention « [nano] » : les cosmétiques (étiquetage obligatoire depuis 2013), les produits biocides (depuis 2013), les denrées alimentaires (depuis 2014)…
    • certaines associations testent la présence de nanomatériaux dans les produits qui ne sont pas soumis à une obligation d’étiquetage. Les recensements de ces associations sont référencés sur veillenanos.fr. Loin d’être exhaustifs, et d’une fiabilité limitée, ces recensements ont le grand mérite d’exister. Actuellement, ils sont les seuls outils sur lesquels s’appuyer pour les produits non-étiquetés ;
    • compte tenu des limites de l’étiquetage sur les denrées alimentaires, éviter les produits alimentaires industriels constitue une approche simple et sécuritaire ;
    • préférer le sel gris et humide (sel de Guérande ou de Noirmoutier, par exemple), qui ne contient pas de nanoparticule, au sel blanc qui contient des nanosilices ou du nano-aluminium, destinés à le maintenir pulvérulent et sec ;
    • éviter d’utiliser des textiles auxquels sont attribués des performances innovantes ou s’éloignant significativement de l’ordinaire : antibactériens, indéchirables, inusables, infroissables, hydrofuges…
    • ne pas poncer, gratter ou percer des matériaux contenant des nanoparticules. Les plus courants sont les tubes de carbone, le nanoargent et les nanoparticules d’oxyde de zinc ;
    • si un matériau contenant des nanoparticules a émis des poussières (bricolage, casse, usure, réfection…), les mouiller avant de les ramasser, puis les jeter dans un sac plastique soigneusement fermé.

 

nano, nanoparticules, nanotechnologies, toxiques4

 

Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

« Compte tenu de l’incertitude scientifique et des éléments émergents, et compte tenu des premières indications de danger et des effets possibles sur la santé humaine indésirables qui ont été émises pour certains nanomatériaux, l’application du principe de précaution paraît souhaitable.” – rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié en 2013.

[Le rapport 2013 de l’OMS] préconisait en conséquence d’adopter une approche intégrant le principe de précaution. Une démarche rendue nécessaire par l’introduction des nanoparticules tous azimuts : “Les nanomatériaux font leur chemin dans tous les aspects de nos vies, ces matériaux sont de plus en plus utilisés dans les applications pharmaceutiques et médicales, dans les cosmétiques et les produits de soins personnels, le stockage de l’énergie, le traitement de l’eau et la filtration de l’air, l’assainissement de l’environnement, les capteurs chimique et biologique, la défense et les explosifs militaires.” Le rapport citait aussi les produits alimentaires “dans lesquels les nanomatériaux peuvent être utilisés pour apporter de nouveaux goûts et saveurs”… Tout en notant l’accroissement de la production des nanos, ainsi que “la prolifération programmée des applications”.

[Le rapport 2013 de l’OMS] soulignait surtout qu’on était encore loin d’avoir cerné l’ensemble des risques et qu’il y avait un “urgent besoin d’évaluer le niveau d’exposition de la population aux nanomatériaux, au fil du temps et pour les différents groupes de populations”, tout particulièrement les enfants. “Il est bien connu que les enfants sont disproportionnellement plus sensibles que les adultes quand il s’agit d’expositions à des produits chimiques dangereux”, à cause de leurs “taux élevés de division cellulaire, leur faible capacité à métaboliser, leur capacité d’excrétion immature et leurs comportements exploratoires multipliant les expositions (mains-à-bouche, objets-à-bouche, ingestions diverses)”. Dans le cas des bébés, les “biberons, tétines et produits de santé contenant des nanoparticules d’argent” apparaissent aussi à l’OMS comme une source d’inquiétude. Et d’évoquer les fœtus dont les voies d’exposition par le placenta et l’allaitement maternel sont particulièrement préoccupantes.

Les dossiers des colorants et des parfums d’ambiance cancérigènes, des veaux aux hormones, du bisphénol A, sans oublier la “vache folle”, les sels d’aluminium et le mercure dans les vaccins et les plombages, par exemple, ont laissé des traces dans les mémoires. Mais beaucoup de gens sont ainsi faits qu’ils imaginent qu’on ne refera plus les mêmes erreurs. Encore plus nombreux sont ceux qui veulent maintenir leur confiance dans les “garde-fous” en pensant que c’est une croyance nécessaire pour continuer à vivre heureux. Une formule immémoriale l’exprime : “Si l’on faisait attention à tout, on ne vivrait plus.” La société moderne a engendré ce sentiment et continue à l’entretenir, nous faisant déléguer à des instances supérieures la prudence et l’attention aux dangers.

Le problème que nous devons affronter aujourd’hui, puisque nous déléguons à autrui en grande partie cette attention, est d’obliger les autorités à protéger la population contre ses prédateurs. Et, en attendant d’y réussir, pendant que les faillites de la santé publique s’accumulent, de tenir nous-mêmes à distance ces nouveaux matériaux qui colonisent notre univers.

Prenons l’exemple des nanotubes de carbone. L’ANSES note en conclusion de son rapport 2011-2012 à leur sujet, au regard des études in vitro et in vivo : “Ils peuvent causer du stress oxydant, de l’inflammation, des dommages à l’ADN, des dommages cellulaires (effets délétères sur la prolifération cellulaire et apoptose notamment) et des effets pathologiques à long terme (tels que la formation de granulomes, la fibrose et des mésothéliomes1).” Puisque des vies sont en jeu, il faudrait apporter sur les produits les contenant les mentions “génotoxique” et “cancérigène”. Des indications spécifiques devraient aussi figurer sur les produits contenant des nanos qui risquent de déséquilibrer des écosystèmes. Il a fallu plus d’un demi-siècle de combats pour obtenir que les paquets de tabac – première cause de mortalité évitable dans le monde avec 4,5 millions de morts par an – portent des indications telles que “Fumer provoque le cancer” ou “provoque des crises cardiaques et des attaques cérébrales”, qui ont le mérite d’annoncer clairement que ses composants sont redoutables, même si elles ne suffisent pas à neutraliser le pouvoir addictogène de la nicotine. […] Il serait donc précieux que la mention [nanos], qu’il s’agisse d’ailleurs de denrées alimentaires, de textiles ou de plâtre…, soit suivie par quelques mots rappelant leur toxicité.

Concernant la promesse des promoteurs des nanos disant que c’est la solution d’avenir pour réduire la pollution chimique en remplaçant les substances classiques par des nanomatériaux, les experts de l’assureur [Lloyd’s] doutent qu’il soit pertinent de “vouloir résoudre ce problème en le remplaçant par un autre, à savoir placer une grande quantité de nanoparticules dont on ne connaît pas les effets dans l’environnement”.

L’assureur [Lloyd’s] observe finalement qu’“il peut y avoir des impacts à court, moyen et long terme car celui-ci peut prendre de nombreuses années à émerger et être clarifié”. Enfin, il regrette le “vide de la réglementation dans ce domaine. Cela est dû en partie au fait que certains intervenants ne croient pas qu’elle soit nécessaire.” Il note que “l’absence de réglementation n’est jamais une bonne chose pour les assureurs en responsabilité civile” et qu’ils “devraient faire pression pour plus de clarté”.

[Le principe de précaution, qui] prévoit d’adopter des mesures de prudence et de procéder à des évaluations approfondies quand la toxicité d’un produit est sérieusement suspectée répond à une définition officielle : “Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage.” C’est précisément sur cette définition très raisonnable que se fondent les rapports que nous avons évoqués pour demander son application sur les nanos. Mais les ennemis du principe n’hésitent pas à la déformer pour mieux la condamner, en disant que ce principe permet d’interdire toutes les innovations susceptibles d’engendrer des craintes irrationnelles. Il faut savoir qu’en inscrivant ce principe dans la loi, le législateur a apporté un argument juridique aux victimes de produits toxiques et aux citoyens quand les études scientifiques justifient les inquiétudes, même si certains doutes subsistent. Autrement dit, le principe de précaution vise à mettre fin au petit jeu des industriels consistant à financer des études biaisées pour contredire les résultats des recherches et entretenir ainsi des incertitudes.

Mon avis

Les « + » :

  • une étude historique détaillée et bien documentée ;
  • l’auteur défend une thèse, en se basant sur des faits précis, sur une enquête minutieuse. Il adopte un ton volontaire, sans être caricaturalement militant : cette combinaison me semble être celle qui génère la plus grande force d’impact ;
  • un journalisme d’investigation de qualité, autant que je puisse en juger, accompagné d’une prise de recul dans l’analyse : l’approche m’a beaucoup plu ; cela m’a donné envie de lire les autres ouvrages de Roger Lenglet.
  • une invitation à réfléchir sur :
    • les conditions de délégation de notre sécurité à des organismes extérieurs, privés ou publics ;
    • le besoin d’une implication personnelle lorsque des limites sont identifiées dans l’efficacité de cette délégation.

Les « – » :

  • la mention des bienfaits potentiels des nanotechnologies, par plusieurs acteurs du domaine mentionnés dans le livre, semble systématiquement soulever une forte suspicion chez l’auteur.

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2 réponses

  1. Excellent et très Intéressant ! Je comprends mieux l’utilité du « principe de précaution  » …nous sommes devant un énorme scandale sanitaire planétaire ! Toute nouvelle technologie devrait systématiquement et obligatoiremet donner et rendre publique les études de toxicité environnementale et humaine et associer systématiquement un budget de recherche sur les risques associés.
    Blanche

    1. Hello Blanche !
      Ce travail d’enquête propose des conclusions assez préoccupantes effetctivement, et un constat frustrant concernant la gestion des risques associés aux nouvelles technologies. Sur la base de se ce qui est présenté, on a l’impression que l’on a finalement peu appris des crises précédentes.
      Bon après cela reste un point de services vue, certes bien documenté, ce sera intéressant de se ré considérer aussi les autres positions pour se faire un avis. D’autres articles en perspective ! 😉

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