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Comment protéger le cerveau du cocktail toxique des perturbateurs endocriniens, avec le Pr Barbara Demeneix (1/4)

Toute œuvre scientifique est incomplète […]. Cela ne nous autorise pas pour autant à ignorer les connaissances que nous possédons déjà, ni à repousser les actions qu’elles semblent exiger à un moment donné. - Sir Austin Bradford Hill

Une règle de conduite sensée consisterait à réduire l’exposition au risque chaque fois que possible, à n’accepter un gros risque qu’en cas de grande utilité, et aucun risque lorsque l’utilité semble dérisoire. - Philip Handler, ancien président de l’American Academy of Science

Chronique du livre « Cocktail toxique : Comment les perturbateurs endocriniens empoisonnent notre cerveau »

Barbara Demeneix cocktail toxique

de Barbara Demeneix, 308 pages, publié en 2017

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Barbara Demeneix est biologiste et dirige le laboratoire « Évolution des régulations endocriniennes » au Muséum d’histoire naturelle. Ses travaux portent sur les perturbateurs endocriniens et, en particulier, sur leur action au niveau de l’hormone thyroïdienne, essentielle au bon développement du cerveau. Barbara Demeneix a notamment reçu la Médaille de l’Innovation du CNRS.

Ce livre propose une synthèse des connaissances sur l’impact des polluants environnementaux sur le développement du cerveau.

Cette chronique est composée de quatre articles. Cet article est le premier de la série.

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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • La grossesse, et en particulier le début de la grossesse, est une période où le fœtus est très vulnérable à l’exposition aux agents chimiques.
  • Le placenta n’est pas une barrière infranchissable pour les produits chimiques.
  • Les effets liés à une exposition peuvent apparaître de nombreuses années après le moment de l’exposition. En particulier, même l’exposition d’une personne peut générer des effets sur ses enfants et ses petits-enfants.
  • En pratique, de nombreux effets ne sont pas connus. Par exemple, lors d’un examen clinique chez le médecin, la plupart des altérations du cerveau ne sont pas directement identifiables et quand bien même, le lien avec une potentielle exposition à des polluants environnementaux n’est généralement pas envisagé.
  • Au cours des cinquante dernières années, l’ensemble de la population a été contaminée par de nombreuses substances chimiques de synthèse.
  • Environ 100 000 substances sont actuellement produites à plus de 10 tonnes par an. Environ 1 000 nouvelles substances chimiques sont enregistrées chaque année. Des dizaines, voire des centaines, de ces substances circulent dans le sang de tout un chacun, et dans le liquide amniotique des femmes enceintes : tous les bébés d’aujourd’hui ont été exposés à un mélange de substances chimiques pendant la vie fœtale. Ces mélanges incluent des substances préoccupantes, telles que des pesticides, des agents tensioactifs (antiadhésifs ou imperméabilisants), des retardateurs de flamme, des plastifiants (les phtalates et le bisphénol A [BPA]), des nitrates et des perchlorates.
  • Le système endocrinien est l’ensemble des glandes qui produisent des hormones. Parmi ces hormones, l’hormone thyroïdienne joue un rôle clé dans le développement du cerveau.
  • Les substances chimiques qui interfèrent avec le système endocrinien, en perturbant l’action de certaines hormones, sont appelés perturbateurs endocriniens (PE).
  • La plupart des perturbateurs endocriniens présents dans l’environnement sont le résultat de l’activité humaine.
  • Les polluants environnementaux pénètrent dans le corps par l’air respiré, la nourriture ingérée, l’eau bue et les matières mises au contact de la peau (ex : cosmétiques)
  • L’hormone thyroïdienne a une action essentielle aux tout premiers stades du développement cérébral, durant les trois premiers mois de grossesse. L’exposition à des perturbateurs endocriniens pendant cette période peut fortement impacter le fonctionnement du cerveau des enfants à venir.
  • En 2011, d’après les résultats d’une étude américaine qui ne s’intéressaient qu’à 163 substances chimiques, 90 % des femmes enceintes testées présentaient plus de 60 substances dans leur corps. Environ deux tiers de ces substances interfèrent avec le fonctionnement de l’hormone thyroïdienne.
  • Les bonnes pratiques proposées dans ce livre incluent :
    • préférer les produits de l’agriculture biologique, notamment en ce qui concerne les fruits et légumes ;
    • limiter la consommation d’aliments qui ont été en contact avec des emballages plastiques ;
    • éviter de conserver des aliments dans des récipients en plastique ; préférer le verre ou la céramique.

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Barbara Demeneix cocktail toxique1

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Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

Pourquoi recommande-t-on à toutes les femmes enceintes de ne prendre aucun médicament, sinon sur prescription médicale ? Parce que la grossesse, et plus particulièrement le début de grossesse, est une période de très grande sensibilité pour le développement du fœtus. Or, de manière ironique, aujourd’hui, toutes les femmes enceintes sont exposées, qu’elles le veuillent ou non à une combinaison complexe de produits chimiques de synthèse, tout comme les fœtus ou les bébés qui se développent dans leur ventre.

Il n’est pas difficile de constater les effets de substances chimiques sur la formation des membres ou de mesurer l’incidence du cancer. Mais qu’en est-il des substances qui influent insidieusement sur le développement cérébral ou le potentiel intellectuel ?

Parallèlement à cette exposition croissante aux produits chimiques, on assiste à une augmentation exponentielle des troubles du spectre de l’autisme (TSA), qui touchent désormais jusqu’à 1 enfant sur 45 aux États-Unis. Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est lui aussi de plus en plus fréquent, et de nombreux observateurs notent d’importantes et préoccupantes baisses de QI au sein des populations.

Aujourd’hui des milliers de produits industriels sont répandus dans notre environnement, et nous ne disposons de données sur leur toxicité que pour quelques-uns d’entre eux. Ce n’est pas bon pour les adultes que nous sommes, mais pour un bébé en train de grandir dans le ventre de sa mère, c’est évidemment, nettement plus grave.

On sait aujourd’hui de façon sûre que les enfants dont les mères présentent de fortes concentrations sanguines de certains produits courent un plus grand risque de déficience intellectuelle ou de maladie neurodéveloppementale, comme l’autisme ou le TDA/H. Nous en savons beaucoup moins, en revanche, sur les effets combinés de ces substances, alors même qu’aujourd’hui chacun de nous est exposé à des cocktails complexes contenant une dizaine de substances chimiques au moins.

La prévalence publiée des troubles du spectre autistique chez les enfants de 8 ans est, par exemple, passée de 1 enfant sur 250 en 2001 à 1 sur 68 en 2014. Et des données américaines plus récentes indiquent carrément une prévalence de 1 enfant sur 45.

La complexité des questions en jeu est très grande, et nous abordons un domaine dans lequel les connaissances scientifiques progressent bien plus vite que les réglementations.

La Commission européenne n’ayant pas respecté les délais pour l’adoption d’un acte définissant [les perturbateurs endocriniens], la Suède et d’autres pays l’ont traduite devant la justice pour inaction. Et, fin 2015, la Cour européenne de justice a donc jugé que la Commission avait enfreint le droit européen… Celle-ci s’est défendue en disant qu’elle était en train d’évaluer les conséquences économiques des textes législatifs, notamment pour l’industrie chimique ; la Cour a répondu qu’il ne lui appartenait pas de décider si l’économie passait avant la santé.

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La suite de cette chronique se trouve ici : Comment protéger le cerveau du cocktail toxique des perturbateurs endocriniens, avec le Pr Barbara Demeneix (2/4)

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Cette chronique met en avant l’importance de protéger les enfants des substances préoccupantes, car les effets potentiels pourraient être graves et pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.

photo par megumi sato

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2 réponses

  1. Bonjour Guillaume,
    Merci pour cette nouvelle chronique !
    « Environ 100 000 substances sont actuellement produites à plus de 10 tonnes par an. Environ 1 000 nouvelles substances chimiques sont enregistrées chaque année » : j’avais des ordres de grandeur en tête, mais c’est vraiment impressionnant ! On parle à quelle échelle ? Celle de la France ?

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