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Comment empêcher les polluants d’endommager le cerveau des enfants, avec Barbara Demeneix (2/5)

Les perturbateurs endocriniens doivent devenir la préoccupation majeure des responsables de la santé publique. – Organisation mondiale de la santé (OMS)

Saumon et fromage fondu aux PCB, beurre doux à la dioxine, jus de raisin aux pesticides, thon à l’arsenic et au mercure… Est-ce un banquet concocté par une sorcière ? Non, il s’agit d’un aperçu des polluants qui agrémentent les repas servis, chaque jour, aux enfants de notre pays. C’est ce qu’a constaté l’association Générations futures, qui a analysé les quatre repas d’une journée, composés en respectant les recommandations nutritionnelles officielles. Et il y a de quoi perdre l’appétit. Car on y retrouve 128 résidus de produits de synthèse, qui représentent 81 substances chimiques différentes (la même molécule peut être présente dans plusieurs aliments). Et combien de perturbateurs endocriniens ? Pas moins de 37 ! - François Veillerette

Chronique du livre « Le Cerveau endommagé »

Cerveau endommagé Barbara Demeneix enfants

De Barbara Demeneix, 411 pages, publié en 2016

 

Barbara Demeneix est biologiste. Elle dirige le laboratoire « Évolution des régulations endocriniennes » du Muséum d’histoire naturelle. Ses domaines de recherche incluent les hormones thyroïdiennes et les perturbateurs endocriniens. En 2014, Barbara Demeneix a reçu la Médaille de l’Innovation du CNRS.

Ce livre décrit certains effets sanitaires liés à l’exposition aux perturbateurs endocriniens : altération du comportement et diminution des facultés intellectuelles. Il propose des recommandations pour protéger les enfants, la population la plus touchée.

Ce livre fait l’objet d’une chronique en cinq parties. Cet article est la deuxième partie de la chronique. Elle porte notamment sur la faible visibilité des altérations cérébrales, ainsi que sur la connaissance imparfaite de la toxicité des substances commercialisées. La première partie se trouve ici : Comment empêcher les polluants d’endommager le cerveau des enfants, avec Barbara Demeneix (1/5)

 

Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • Lorsque l’exposition a une substance provoque des malformations visibles sur les nouveaux nés, une association peut être remarquée et confirmée assez rapidement. Mais pour les substances qui affectent le développement du cerveau, un tel type d’association est beaucoup plus difficile à identifier. Par exemple, si une exposition cause une baisse de 10 points de QI, il est peu probable que cet impact soit remarqué. Certains auteurs parlent d' »épidémie silencieuse ».
  • Plusieurs dizaines de milliers de produits chimique sont actuellement commercialisés. Dans la très grande majorité des cas, les effets de ces substances sur le développement cérébral est peu ou pas étudié.
  • La gamme des produits chimiques présents dans notre sang est aujourd’hui très étendue, ce qui :
    • complique l’identification des substances produisant les effets sanitaires les plus élevés ;
    • dans le même temps, indique l’urgence de réaliser cette identification.
  • Pour certains polluants, comme les PCB ou le mercure, les risques pour le développement cérébral sont plus élevés pour des expositions prénatales (intra-utérines) que pour des expositions par l’allaitement maternel.
  • Les fœtus et les nourrissons sont bien plus vulnérables que les adultes. Plus généralement, les enfants ne sont pas des adultes en version miniature : leur cerveau est en pleine croissance et donc très sensible aux pollutions environnementales.
  • Les cheveux accumulent divers polluants. Ils constituent des indicateurs qui permettent d’évaluer les niveaux d’exposition, de manière non invasive.
  • Chez l’enfant, un niveau élevé de plomb dans le sang est associé, aujourd’hui avec robustesse, à une capacité intellectuelle diminuée. Mais même à très faibles doses, l’exposition au plomb n’est jamais sans risque. Les enfants de moins de 7 ans sont les plus vulnérables. L’exposition au plomb peut être aggravée par des carences alimentaires, notamment par une carence en calcium.
  • Depuis le recul des maladies infectieuses, les principales pathologies infantiles sont les maladies non contagieuses (diabète, asthme, allergies, obésité…), souvent multifactorielles. Les pollutions environnementales constituent un des principaux facteurs de risque.
  • Cette préoccupation n’est pas nouvelle, en particulier concernant les dommages cérébraux. Depuis 30 ans au moins, année après année, des spécialistes en neurosciences suggèrent que la pollution environnementale impacte le potentiel intellectuel et le comportement des enfants.
  • Les retardateurs de flamme constituent des polluants dangereux. Très persistants dans l’environnement, leur contamination s’étend bien au-delà des contextes urbains. Pourtant, leur utilité est aujourd’hui très questionnée, au regard du potentiel niveau de risque associé.
  • L’organisme a besoin des hormones thyroïdiennes pour réguler les gènes impliqués dans le développement cérébral. Or la signalisation de ces hormones est sensible à de nombreux contaminants environnementaux.
  • De nombreuses causes de réduction de la capacité intellectuelle peuvent être prévenues. Les femmes enceintes et les parents devraient être sensibilisés aux bonnes pratiques correspondantes.
  • Le brome est de plus en plus présent dans l’environnement urbain, notamment sous la forme de retardateurs de flamme bromés. Or le brome, qui est un halogène comme l’iode, rivalise avec l’iode pour être capté par la thyroïde. Or l’iode est essentielle au bon fonctionnement de la thyroïde. Les effets néfastes du brome sont donc exacerbés par une carence en iode.
  • Une alimentation riche en sélénium semble permettre d’atténuer les effets toxiques du mercure.
  • Concernant l’iode et le sélénium, les sources les plus sûres sont les poissons de mer et les crustacés : moules, palourdes, crevettes… De récents travaux suggèrent que, depuis au moins deux millions d’années, les fruits de mer jouent un rôle important dans l’évolution du cerveau humain.
  • Les recommandations indiquées dans ce livre concernent, en priorité, les femmes enceintes et les jeunes enfants. Néanmoins, elles seront sources de nombreux bénéfices pour tous. Elles incluent les bonnes pratiques suivantes :
    • préférer des matelas, des oreillers et des coussins rembourrés avec de la laine non traitée, plutôt qu’en mousse synthétique ;
    • consommer régulièrement des fruits de mer, pour assurer les apports en iode. Dans cet objectif, l’utilisation de sel iodé peut être utile ;
    • éteindre les équipements électronique pendant la nuit, afin de limiter les émissions inutiles de retardateurs de flamme, en particulier dans les chambres à coucher ;
    • éviter l’utilisation de pesticides domestiques : à la maison, sur les animaux de compagnie, dans le jardin…
    • laver les vêtements avant leur première utilisation.

 

Cerveau endommagé Barbara Demeneix enfants 2

 

Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

Les expositions au mercure du siècle dernier ont pu provenir de trois sources principales : la consommation de mercure organique sous la forme de méthylmercure (souvent via la consommation de poisson) ; les vapeurs libérées par les plombages dentaires au mercure ; et – dans certains pays jusqu’en 2000 – l’utilisation d’un conservateur à base de mercure, le thiomersal, dans certains vaccins. Ce composant à base de mercure est probablement la raison pour laquelle les vaccins ont – parfois sans la moindre preuve tangible – été associés à des cas d’autisme. […] Le méthylmercure est donc aujourd’hui la principale source d’inquiétude ; il a été associé à la plupart des cas de neurotoxicité environnementale liée au mercure.

Réduire les expositions à risque à chaque fois que la chose est possible ; n’accepter les risques importants que lorsque les avantages associés les surpassent ; n’accepter aucun risque lorsque les avantages associés semblent relativement insignifiants – voilà qui constituerait des lignes directrices raisonnables. – Philip Handler, alors président de l’Académie nationale américaine des sciences.

Une diminution faible, mais régulière, du QI à l’échelle d’une population peut avoir de graves conséquences socio-économiques. On estime que si les pays qui utilisent encore de l’essence au plomb cessaient de le faire, le gain occasionné atteindrait plusieurs milliers de milliards de dollars par an.

Malgré le fait que la plupart des travaux traitant de la perturbation endocrinienne se focalisent sur la signalisation oestrogénique et androgénique ainsi que sur la reproduction, le nombre de produits chimiques pouvant potentiellement affecter la signalisation thyroïdienne semble être beaucoup plus élevé. Par ailleurs, les RT [récepteur des hormones thyroïdiennes] contrôlent une gamme de paramètres physiologiques plus étendue que celle contrôlée par la signalisation oestrogénique.

Vis-à-vis des hormones thyroïdiennes, la période périnatale est le créneau sensible du neurodéveloppement qui fait l’objet du plus grand nombre d’études, mais les spécialistes s’intéressent de plus en plus aux premiers mois du développement intrautérin.

Le manque d’hormones thyroïdiennes (HT) dû à une carence en iode est la première cause (la plus facilement évitable) de déficience mentale dans le monde. Selon certaines estimations, la carence en iode, et l’hypothyroïdie qu’elle provoque pendant le développement, représenterait une perte de 10 à 15 points de QI au niveau des populations de l’ensemble de la planète. […] Grâce au dépistage postnatal de l’hypothyroïdie congénitale, le crétinisme dû à une carence grave en HT appartient au passé médical dans les pays développés. Toutefois, des déficiences plus légères en HT pendant le développement foetal ou l’enfance dues à une carence en iode (et souvent aggravées par la pollution chimique) sont toujours présentes, et pourraient renforcer divers troubles neurologiques. Les troubles d’origine intra-utérine qui ont été liés à la pollution environnementale comprennent la déficience intellectuelle, les troubles du spectre autistique (TSA), et le trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDA/H).

L’histoire [des retardateurs de flamme] est émaillée d’anecdotes aussi semblables que troublantes : commercialisations hâtives avant les tests adéquats, suivies par des retraits tardifs. On peut citer l’exemple d’un organo-phosphate bromé, le phosphate de tris(2,3-dibromopropyle), qui est entré dans la composition de vêtements de nuit pour enfant jusqu’en 1977. Lorsque des études menées sur des rats ont prouvé qu’il s’agissait d’un mutagène puissant, il a été remplacé par son analogue chloré ; plus tard, on s’est rendu compte que ce dernier engendrait encore plus de métabolites mutagènes. On l’utilise aujourd’hui dans la fabrication de mobilier !

On retrouve des quantités significatives de PDBE [un retardateur de flamme dont la toxicité est préoccupante] dans le lait maternel, et ce dans le monde entier […] Au cours des premières années du XXIe siècle, les niveaux de PBDE n’ont cessé d’augmenter parmi la jeune génération, qui était tout particulièrement exposée. La principale source de contamination semble être les poussières domestiques, avec une très légère contribution du régime alimentaire. On a ainsi constaté que, dans les communautés autochtones du nord du Canada, les valeurs sériques augmentaient au même rythme que l’accès aux biens manufacturés.

Les autorités considèrent généralement que les multiples avantages de l’allaitement au sein (notamment vis-à-vis de la fonction immunitaire) compensent largement le risque de perturbation endocrinienne, que l’on rencontre également via l’usage du lait maternisé.

 

La troisième partie se trouve ici : Comment empêcher les polluants d’endommager le cerveau des enfants, avec Barbara Demeneix (3/5)

 

Cette chronique met en avant l’importance de protéger les enfants des substances préoccupantes, car les effets potentiels pourraient être graves et pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.

Photo par Paul Arps

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4 réponses

  1. Je crois que, parmi tous les effets attribuables aux substances chimiques, la perturbation du fonctionnement du cerveau est l’effet qui m’a le plus interpellé, celui qui m’a fait réellement passer à l’action. C’est à partir de ces infos que j’ai enclenché un vrai changement de style de vie dans la famille : nourriture peu transformée (bio si possible), jouets sans phtalates, matelas dans retardateurs de flammes… Le livre de Pr Demeneix permet d’avoir les informations les plus à jour, merci (moi c’était le livre de Grandjean qui m’avait fait bondir !).

  2. Pour traiter les poux que ma fille a rapporté de l’école, j’ai utilisé de l’huile de coco et de l’huile essentielle de lavande. Oui, cela a pris plus de temps que l’application de quelques shampooings plein de pesticides puissants, mais cela n’a pas été infaisable non plus : 5 sessions de 1h-1h30, principalement dédiée à laisser les huile agir (on a joué aux cartes en attendant, on a vu plus désagréable 🙂 ). Et puis, au regard des risques avérés et soupçonnés, le sentiment de tranquilité et de devoir impliqué vaut largement et investissement modéré

    1. A la maison, l’huile de coco a eu aussi notre préférence, compte tenu notamment qu’il semble y avoir des doutes à lever concernant l’huile neem (https://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2596)
      Ca a marché, mais j’ai le souvenir que (malgré les jeux de société chez nous aussi !) Romi en avait bien marre sur la fin 😉
      Sinon chez nous, on a utilisé le bonnet de bain, histoire que le salon ne se retrouve pas entièrement recouvert d’huile de coco ! 😉

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